L’élevage de poules qu’elles soient pondeuses, couveuses ou d’ornements demande un entretien minutieux et régulier. Régulièrement exposés aux diverses attaques des parasites, les élevages de poules chez les particuliers comme chez les professionnels doivent être traités et protégés en permanence.

Nous allons revenir dans ce guide sur les différents moyens et les étapes importantes pour empêcher et prévenir la prolifération des parasites au sein de vos cheptels de poules.

Qu’est-ce que le vermifuge ? Définition

La vermifugation est un traitement permettant d’éliminer ou de prévenir l’apparition des parasites, notamment des vers de l’organisme. La vermifugation est un procédé à la fois destiné aux animaux (chiens, chats, poules etc.) et aux humains pour arrêter et prévenir l’apparition de parasites.

Chez les animaux et notamment chez les poules, ces vers s’abritent pour la plupart dans le tube digestif et se développent le plus souvent après ingestion d’oeufs de vers entre autres contenus dans les fèces, la terre contaminée, les insectes etc. Les vers peuvent également être ingérés directement après avoir été rejetés dans les selles d’autres volailles.

Comment se transmettent les vers parasitaires dans les élevages ?

Les parasites se transmettent de plusieurs façons au sein d’un cheptel de volailles. Lorsqu’un parasite infecte un sujet et arrive au stade de la reproduction, la ponte d’oeufs débute et ces derniers parcourent le tube digestif avant d’être en partie rejetés dans les fientes.

Les larves se développent et occupent le sol des enclos et parcelles des cheptels jusqu’à ce qu’elles soient ingérées par les autres poules de l’élevage. Les parasites peuvent également se transmettre par l’intermédiaire des insectes déjà infectés et attrapés par les poules ; les cestodes et vers plats ne se transmettent que de cette façon.

Listes des vers intestinaux chez la poule et autres volailles

Les deux types de vers qui parasitent habituellement l’organisme des volailles d’élevage sont :

  • Les vers dits ronds ou nématodes
  • Les vers dits plats ou cestodes

Les vers ronds (nématodes)

Les scientifiques les ont nommés Nematoda, dont la racine latine grecque signifie « fibreux, de filaments ». Les nématodes représentent 80% du règne animal et la plupart des espèces vivent sous terre.

Une part importante des espèces des vers ronds sont essentiels à la biodiversité et leur présence est souvent signe d’un écosystème équilibré. Une petite partie des espèces de ces vers ronds sont des parasites. Ils ont besoin d’hôtes, plantes ou animaux pour se développer et se reproduire.

  • Les Ascaris (Ascaridia galli ou A. galli)
Illustrations du ver Ascaris gali
En haut, des photos d’intestins en présence d’Asacaris Gali chez une poule. A gauche, mise à l’échelle de vers Ascaris adultes par rapport à un stylo Bic – Crédits : Flickr / Veterinarios Matadero. En bas à droite, section d’intestinc infestée de vers d’un enfant de 3 ans opéré et sauvé en Afrique du Sud – Crédits : South African Medical Research Council / Lyn Hanmer PhD.

L’Ascaris galli (A. galli) est un long ver épais blanc jaunâtre mesurant entre 5 et 12 centimètres pour 1,2 à 1,8 centimètres d’épaisseur.

La femelle de l’A.galli est plus grande et plus épaisse que le mâle. Les larves se développent en moins de 2 à 3 semaines dans les œufs. Une fois ingurgités, les œufs embryonnés vont se logés dans les intestins et éclosent dans l’heure qui suit. Il faut attendre environ 5 à 8 semaines avant de voir se manifester les premiers symptômes.

Passé cette étape, les vers sont opérationnels et peuvent se développer chez l’hôte. Si la colonie de vers devient trop importante, la pression exercée sur le tube digestif le rompe entraînant la mort de la volaille.

Les œufs peuvent garder un potentiel infectieux pendant des années dans des conditions stables d’un poulailler d’où la nécessité d’un nettoyage et d’un entretien réguliers.

Les symptômes de l’A. galli

Après éclosion, on note une période prépatente de 5 à 8 semaines pendant laquelle les vers migrent dans différentes parties du tube digestif de la poule (principalement dans l’intestin). Puis les symptômes suivants apparaissent :

  • Perte de poids
  • Diarrhées sévères
  • Courbure des ailes
  • Plumes ébouriffées
  • Léthargie
  • Baisse de la production d’oeufs et amincissement de leurs coques
  • Perte de tonus musculaire
  • Lésions de l’épithélium due à la pression des vers sur les villosités

Si vous constatez un de ces symptômes chez vos volailles, contactez immédiatement votre vétérinaire et décrivez lui avec précision le comportement des poules de votre enclos et l’évolution des symptômes.

  • Les Heterakis gallinarum
Photos de l'hétérakis gallinarum
A gauche, une photo de vers Heterakis gallinarum dans un tube digestif de poule. En haut à droite une photo de vers extraits. En bas à droite, mise à l’échelle de vers de l’A. galli et de l’Hétérakis mâles (à droite) et femelles (à gauche) – la lettre A pour désigner l’A. galli et B pour l’Hétérakis – Crédits : American Journal of Veterinary Medicine / « Poultry diseases and their treatment » (1914)

Similaire à l’A. galli, l’Hétérakis est un petit ver blanc. Ils mesurent entre 0,7 et 2,5 centimètres.

Après ingestion des œufs qui peuvent être transmis par l’intermédiaire d’insectes contenant des œufs de vers ou des excréments des congénères de l’enclos déjà infectés, l’éclosion intervient au bout d’une heure.

Les vers migrent et s’installent ensuite dans les 24 heures qui suivent dans les caecums de la poule, parties du tube digestif proches du rectum. En moins de deux semaines, les vers se multiplient et se développent chez l’individu et peuvent le parasiter pendant une période d’un an.

Les symptômes de l’Hétérakis

Après ingestion des œufs et développement des vers, il faut attendre plusieurs jours avant que les premiers symptômes apparaissent chez les poules :

  • Diarrhées mousseuses
  • Formation de nodules dans la muqueuse
  • Epaississement de de la paroi caecale
  • Diminution des pointes
  • Amaigrissement et perte de poids

Il est difficile de diagnostiquer l’apparition des vers de l’Hétérakis. Ses œufs et les symptômes sont similaires à ceux de l’A. galli en de nombreux aspects. Vous noterez quoiqu’il en soit un comportement anormal et des signes de maladies. Dans ce cas, contactez votre vétérinaire en lui expliquant la situation.

  • Les capillaires
Illustration symptômes vers capillaires avec gonflement du jabot
A gauche, une illustration d’une poule contaminée par des des capillaires avec le jabot gonflé. Lorsque la colonie de vers capillaires est trop importante, la pression sur la trachée de la poule entraîne des problèmes respiratoire puis une suffocation mortelle.

Les capillaires ou vers du jabot sont des vers très fins mesurant entre 0,7 et 2,5 centimètres. Aussi épais qu’un cheveu humain, ils sont difficiles à percevoir à l’oeil nu. Il existe 4 espèces de capillaires, les capillaires de Madsen et de Creplin sont les plus répandus. Les capillaires de Molin et Wawilowa ont besoin du ver de terre comme hôte intermédiaire pour infester les volailles.

L’embryonnage dépend des conditions extérieures. Il va de plusieurs semaines à quelques dizaines d’heures selon la température ambiante. L’éclosion des œufs intervient en général au bout de quelques heures seulement après ingestion. La maturation des vers prend de 3 semaines à 2 mois selon l’espèce.

Les capillaires s’installent dans le jabot et l’oesophage des volailles. Les individus infestés dans le cadre d’expérimentations restent infestés pendant plus de 9 mois. La mort intervient par suffocation après l’obstruction de la trachée par la colonie de vers.

Les symptômes des capillaires chez les volailles

Les vers capillaires attaquent directement le jabot, l’oesophage et parfois les muqueuses de la bouche pour le Creplin. Ils se multiplient et entraînent un épaississement et une inflammation plus ou moins importante du cou de la volaille. La présence et le développement des capillaires déclenchent plusieurs symptômes :

  • Perte de poids
  • Isolement des autres individus de l’enclos
  • Inflammation, gonflement et dysfonctionnement du jabot (organe de stockage de l’animal)
  • Diarrhées
  • Entérites hémorragiques

L’évolution symptomatique de l’ensemble des espèces de capillaires est le gonflement et l’inflammation du jabot. Les animaux s’isolent et ne bougent que lorsqu’ils y ont forcés. Sans traitement, les volailles meurent par suffocation.

Les vers plats (cestodes)

Les vers plats sont moins fréquents et pathogènes que les vers ronds. Il existe une quinzaine d’espèces de vers plats. Ces derniers se fixent grâce à leurs têtes aux muqueuses de leurs hôtes. Les Davainea sont les vers les plus dangereux pour les volailles ; quelques vers seulement peuvent provoquer la mort de l’hôte.

Les vers plats arrivent dans l’organisme des volailles après ingestion d’un hôte intermédiaire parmi lesquels on compte notamment les mouches, fourmis, limaces et escargots ; proies faciles et vecteurs de parasites, il est important de tenir écartés autant que faire ce peut les gastéropodes de l’enclos ou de placer ce dernier hors des parcours humides.

Il n’existe pas de molécules pour éliminer les cestodes. C’est uniquement par la prévention et par l’entretien des enclos que vous pourrez tenir ces parasites à l’écart de vos poules.

Comment vermifuger les poules et autres volailles ?

La vermifugation permet à la fois de traiter les individus touchés et de prévenir l’apparition des parasites. Notez que l’efficacité d’aliments naturels restent encore sources de polémiques.

Par ailleurs, un usage inapproprié, notamment du vinaigre peut s’avérer dangereux pour la poule et ses œufs de par l’action inhibante de l’acide acétique sur la synthèse du calcium en masse osseuse.

Si vous reconnaissez les symptômes mentionnés au début de cet article, il est essentiel de contacter un vétérinaire, qui seul, pourra vous prescrire la marche à suivre et les médicaments nécessaires au traitement des individus infestés en fonction de l’avancée des infections et de la physiologie des sujets touchés.

Les vermifuges naturels pour les poules et volailles

Les vermifuges naturels permettent de garder les volailles en bonne santé et d’empêcher le développement des différents parasites. L’usage de la terre de diatomée ne proscrit pas l’usage de vermifuge complémentaires. L’utilisation d’ail ne peut, seul, garantir l’élimination des parasites de votre enclos. En cas de doute, demandez conseil à votre vétérinaire.

La terre de diatomée non calcinée

Il existe deux types de terres de diatomée : calcinée et non calcinée. La terre de diatomée calcinée est chauffée à plus de 900°C et s’applique en surface pour lutter contre les parasites.

La terre de diatomée non calcinée est un produit naturel qui permet d’éliminer les œufs, larves et parasites en les déshydratant.

Il existe deux catégories de terre de diatomée non calcinée : la terre grise et la terre blanche. La version grise, insectifuge naturel puissant, n’est pas comestible. C’est au contact de la peau que la terre de diatomée non calcinée grise est efficace, vous pouvez donc en saupoudrez sur vos volailles lors des périodes de vermifugation.

Elle permet également de repousser les insectes et se révèle être un complément efficace pour la croissance des plantes. En repoussant les insectes, elle permet entre autres d’empêcher les hôtes intermédiaires d’investir les enclos et les zones couvertes.

En plus d’en saupoudrer vos volailles, parsemez-la sur les parcours des poules, aux niveaux des mangeoires et abreuvoir et dans les zones stratégiques du poulailler.

La version blanche régulièrement agrémentée du terme « alimentaire » dans le commerce est la version comestible de la terre de diatomée non calcinée. Elle résiste à l’humidité et présente de nombreux avantages nutritifs (minéraux, oligoélements etc.) ; des caractéristiques idéales pour le vermifuge des poules. La terre de diatomée blanche attaquent les vers parasitaires adultes mais ne tue pas les œufs dans l’organisme.

Pour doser la quantité de terre de diatomée non calcinée blanche à intégrer dans la pâtée de vos poules, il faut compter environ 2 grammes de terre blanche par poule.

L’ail

Ecrasé puis mélangé à la nourriture, l’ail serait efficace et permettrait d’empêcher les vers ronds de s’installer dans plus de 90% des cas d’après une étude menée en juin 2008.

L’alllicine, principe actif présent dans le condiment a des propriétés répulsives importantes après que le bulbe a été écrasé. Le répulsif fonctionne en préventif et n’aura aucune efficacité pour traiter des poules déjà infectées.

Pour un maximum d’efficacité, broyez les gousses d’ail puis mélangez le substrat à l’alimentation servie aux poules pendant les périodes de vermifugation.

La recette naturelle idéale pour vermifuger les poules de son enclos

Pour un repas :

  • 3 gousses d’ail
  • 2 grammes de terre de diatomée non calcinée blanche par poule
  1. Broyez les gousses d’ail fraîches et laissez le substrat reposer pendant 10 minutes.
  2. Ajoutez la terre de diatomée et l’ail broyé dans le repas
  3. Mélangez la pâtée et servez dans un mangeoire hors-sol

Ajoutez de l’ail et de la terre de diatomée 2 fois par semaine (espacée de 3 jours) pendant 2 semaines tous les deux mois. Cette recette est en prévention de l’apparition de parasites et ne permet en aucun cas d’éliminer les vers définitivement.

Nous rappelons que vous devez contacter un vétérinaire en décrivant la situation si vous constatez l’apparition de symptômes ou de vers dans les fientes des volailles de votre cheptel.

Vermifuger vos poules avec des médicaments

A l’heure actuelle, seuls les némastodes peuvent être traités avec une médication. Aucune molécule sur le marché n’est disponible pour tuer les cestodes ou vers plats.

Pour se procurer les médicaments contenant les molécules capables d’éliminer les vers intestinaux, vous devez consulter un vétérinaire pour obtenir une ordonnance. Un professionnel de santé sera capable d’identifier l’espèce de ver concernée afin de prescrire la bonne molécule parmi le lévamisole, le fenbendazole, la pipérazine et le flubendazole ; médicaments les plus courants dans les cas d’apparition de parasites.

Votre vétérinaire vous donnera également la posologie des médicaments et la marche à suivre pour un traitement efficace en fonction du niveau d’infection, du poids des poules et des vers parasitaires en question. Il vous précisera également la période pendant laquelle vous ne pourrez pas consommer les œufs produits par les poules traitées.

Les médicaments pour vermifuger existent sous forme liquide ou sous forme de comprimés.

Adapter l’environnement d’un enclos de volailles pour éviter les parasites

Pour vermifuger le plus efficacement possible les poules de votre enclos, il est essentiel de préparer l’environnement et l’alimentation de vos poules. Plusieurs actions peuvent prévenir l’apparition de parasites dans votre enclos.

Les actions sur l’environnement des poules pour prévenir l’apparition des parasites

  • Utiliser de la terre de diatomée non calcinée grise

Dans un premier temps, vous pouvez utilisez de la terre de diatomée calcinée pour nettoyer les poulaillers une à deux fois par an. Elle est toxique et donc proscrite pour traiter vos volailles. Attention à bien nettoyer après usage.

La terre de diatomée grise non calcinée est efficace au contact de la peau. Parsemez-la sur les parcours des poules afin de rendre encore plus efficaces leurs bains de poussières et saupoudrez en vos volailles pendant les périodes de vermifugation.

Elle a une action insectifuge et va donc limiter la présence d’insectes vecteurs de parasites sur le territoire des poules. Elle va également écarter les prédateurs de vos plantes et faciliter leur croissance.

  • Nettoyer l’enclos deux à trois fois par an

Pour prévenir l’apparition des parasites, nettoyez régulièrement le poulailler et l’enclos des poules. Les œufs de vers de certaines espèces peuvent subsister pendant de longues périodes avant de trouver un hôte.

La terre de diatomée calcinée peut servir pour désinfecter le poulailler. Avant de procéder au nettoyage, déplacez les poules dans un endroit neutre et habituellement inoccupé par l’élevage et nettoyez bien les espaces après usage.

  • Placer les poulaillers, mangeoires et abreuvoirs hors-sol

Pour prévenir la maladie, il est également recommandé de placer le matériel utilisé par les poules hors-sol afin de limiter au maximum la transmission de parasites par la voie féco-orale. Il est également recommandé de séparer les jeunes oiseaux en les plaçant sur un sol jamais utilisé par les autres animaux au début de leur vie.

  • Observer les volailles et les fientes

L’observation des volailles et notamment l’apparition de symptômes comme les pertes de poids, l’isolement, les diarrhées ou les inflammations du jabot ou des caecum permettent d’isoler rapidement les sujets infectés de l’enclos pour les traiter et éviter le développement des vers.

L’identification des symptômes permet également de savoir à quel moment faire intervenir un professionnel de santé. Si vous suspectez des vers chez certaines de vos poules, n’hésitez pas à les isoler et observer les fientes. Ces dernières peuvent faire apparaître des vers.

  • Vider le mangeoire et l’abreuvoir

Le mangeoire et l’abreuvoir sont des zones régulièrement fréquentées par les poules. La fiente et les insectes au potentiel infectieux y sont nombreux. Ce sont donc des zones à risques d’où l’importance de les maintenir le plus propre possible.

Les actions sur le régime alimentaire des poules pour prévenir l’apparition des parasites

  • Utiliser de la terre de diatomée non calcinée blanche

En parallèle de la version grise, la terre de diatomée blanche dite « alimentaire » peut être mélangée aux graines ou à la pâtée servies aux poules. Versez une cuillère à soupe (2 grammes) par poule dans la nourriture pendant les périodes de vermifugation.

  • Utiliser des ingrédients naturels

L’ail broyé semblerait avoir des propriétés capables d’empêcher l’installation des vers parasitaires. N’hésitez pas à en préparer pour l’ajouter à la nourriture des poules pendant les périodes de vermifugation. Attention, si l’ail peut aider à prévenir l’apparition de parasites, il n’est en rien un traitement capable de guérir les volailles infectées.

  • Les médicaments

Les médicaments interviennent principalement pour traiter les sujets infectés. Il existe différentes molécules capables d’éliminier les nématodes. Ces dernières sont synthétisées par les groupes pharmaceutiques et mises à disposition sur ordonnance d’un vétérinaire. Il n’existe pas de médicaments contre les cestodes ou vers plats.

Conclusion

L’utilisation de médicaments intervient uniquement lorsque vous constatez l’apparition et le développement des vers parasitaires dans le cheptel. C’est par la prévention grâce à un nettoyage et un entretien réguliers de l’environnement et par l’utilisation de quelques ingrédients naturels dans le régime alimentaire de vos volailles que vous protégerez votre enclos des nématodes et cestodes.